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Guillaume Linard-Osorio
Le quelconque et le divin. Exposition du 1er au 24 octobre 2009. Si, pour le philosophe Adolf Zeising, la présence de la « divine proportion » du nombre d’or est la condition absolue d’émergence de la beauté, celle-là même qui légitime la soumission de l’art à la pureté, l’absolu des lois mathématiques, pour le physicien Gustav Fechner, cette présence relève davantage d’une reconnaissance culturellement construite, elle est un refuge rationnel, rassurant, mais qui, à force d’être partout recherchée, peut se contenter d’approximations et détermine les normes d’un goût commun devenu quelconque mais pompeusement qualifié d’universel. Ainsi, qui part en quête de la présence du nombre d’or en art, en architecture ou plus généralement dans la nature, finit par trouver une valeur qui s’en approche suffisamment pour être remarquable. Ces coïncidences ont fondé, depuis des siècles, les bases d’un mysticisme relayé par nombre de philosophes, mathématiciens et architectes, depuis Fibonacci jusqu’à Matila Ghyka et Le Corbusier. Ce travail se propose d’interroger, dans le champ de l’architecture, la coexistence de ces deux systèmes de raisonnement. Il use des codes qui leur sont associés, et oscille donc, à chacune de ses étapes, entre le quelconque et le divin. Ainsi s’entrechoquent des codes esthétiques, historiquement et mathématiquement normés, signes d’une manifestation de ce divin et un système normatif commun, relevant de la pure fonctionnalité, du pur rationalisme industriel, relevant du quelconque. Une plaque de BA13 constitue le point de départ de ce jeu de construction : à partir de ses proportions, d’autres plaques, retaillées en respectant la suite du nombre d’or, viendront dessiner un calpinage mural aux proportions dites idéales. Un espace se dessine et le sacré est mis à nu dans son processus de fabrication. Le tout est peint en blanc : la présence du nombre d’or dans la structure de l’espace se dérobe, se fait silencieuse.Le temps de l’exposition à la galerie HO fait suite à un mois de résidence à Astérides à Friche la Belle de mai. Le premier temps en résidence a été celui de la construction, esquisse de restauration au sein d’un atelier quand le second temps est celui du dévoilement d’un processus, d’une déconstruction et exhibition d'une matière tendue vers une reconstruction possible. Car la matière brute est présentée ici comme sculpture : les piles de plaques dont les hauteurs respectives sont établies sur la suite de Fibonacci évoluent en spirale sur la base du rectangle d’or le plus grand. Une suite de montants métalliques aux mêmes proportions accentue l’obsession pour le nombre magique tout en s’exposant de la façon la plus brute. Enfin, trois photographies de l’espace réalisé à la Friche révèlent les différentes étapes de construction de l’espace.Le tout converge en une quête de la beauté divine en même temps qu’il se révèle comme une entreprise de démystification, cherchant un point de jonction entre approximations du faire et le fantasme d’un idéal. Un texte de Marie Romezin